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Le ravissement de Lol V. Stein, un roman de Marguerite Duras : portrait évanescent

Le ravissement de Lol V. Stein, un roman de Marguerite Duras

Le ravissement de Lol V. Stein, titre du roman de Marguerite Duras, d’emblée instille le doute à propos de son personnage principal. Par ravissement, faut-il comprendre la « perte de conscience partielle ou totale du monde extérieur », ou un « état de bonheur, de plaisir extrême qui fait oublier tout ce qui ne suscite pas ce plaisir », ou encore, plus mystique, un « état supérieur à l’extase, dans lequel l’âme, soustraite à l’influence des sens et du monde extérieur, se trouve transportée dans un monde surnaturel, amenée vers Dieu » ? 

 Le narrateur, qui s’éprend de Lol V. Stein, tente de remonter le cours du temps. Exercice périlleux : il s’agit de superposer à l’image d’épouse et de mère que renvoie Lol V. Stein au moment de la narration celle, spectrale, d’une jeune femme de dix-neuf ans plongée dans un état d’hébétude contemplative, une nuit de bal au casino, dix ans plus tôt, tandis que son fiancé venait de la quitter, sans explication, pour une femme plus âgée. 

 Comment esquisser un portrait lorsque son sujet est évanescent, insaisissable ? Le narrateur dira : « En ce moment, moi seul de tous ces faussaires, je sais : je ne sais rien. Ce fut là ma première découverte à son propos : ne rien savoir de Lol était la connaître déjà. On pouvait, me parut-il, en savoir moins encore, de moins en moins sur Lol V. Stein.» 

 Un passage-clé du roman, qui contient une distinction fondamentale : savoir n’est pas connaître. Une clé précieuse, de mon point de vue, quand il s’agit d’aborder l’art du portrait.

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