loader image

L’usage du monde, un essai de Nicolas Bouvier :
portraits sans frontière

L’usage du monde, récit de Nicolas Bouvier

Juillet 1953. Nicolas Bouvier, vingt-quatre ans, écrivain-voyageur en herbe, et son ami Thierry Vernet, vingt-six ans, illustrateur et peintre, quittent Genève au volant d’une Fiat Topolino, nom pouvant être traduit par « bébé souris » et désignant Mickey Mouse en Italie. 

 En somme, une guimbarde au gabarit modeste, que les compères destinent à une traversée fantastique : les Balkans, l’Anatolie, l’Iran, l’Afghanistan. Chemins poussiéreux, caillouteux, à ornières, grands espaces, montées et descentes vertigineuses mettent à l’épreuve la mécanique de la courageuse chignole et celle des deux voyageurs. 

 Souvent, l’argent manque, la fatigue gagne, la maladie s’invite, le temps se gâte. Mais Nicolas Bouvier, qui entreprend le récit au coeur du périple, est porté par une inextinguible soif. Celle de découvrir son prochain, quelque soit les différences culturelles. Des personnages aussi sublimes que les paysages traversés naissent sous sa plume. 

 Le Suisse, qui ne manque pas d’humour et de désinvolture, est aussi contemplatif que réflexif. Il écrit, à l’orée de l’Iran : « Le temps passe en thés brûlants, en propos rares, en cigarettes, puis l’aube se lève, s’étend, les cailles et les perdrix s’en mêlent… et on s’empresse de couler cet instant souverain comme un corps mort au fond de sa mémoire, où on ira le rechercher un jour. On s’étire, on fait quelques pas, pesant moins d’un kilo, et le mot bonheur paraît bien maigre et particulier pour décrire ce qui vous arrive. » 

 Si L’usage du monde est considéré comme le chef-d’œuvre de Nicolas Bouvier, je recommande vivement de compléter sa lecture par celles de Chronique japonaise, Le poisson-scorpion ou encore Journal d’Aran. Autant d’occasions de voyager aux côtés d’un homme débordant d’empathie.

Accueil » Le Manifeste et le Portrait Écrit » L’usage du monde, récit de Nicolas Bouvier : portraits sans frontière
error: Ce contenu est protégé